Girón, théâtre de notre épopée
Depuis plus d´une semaine nous faisons partie du quotidien de Girón, petit village dramatiquement affecté par l´émigration. Dans l´équipe, le moral est à son plus fort. Les apprentissages ne cessent de se multiplier. Bref, pour ceux qui se demandaient comment ça allait et bien pas de doute que ça roule vers la bonne direction pour nous.
Girón est un magnifique cantón qui compte 12 000 habitants. Perché à 2100 mètres d´altitude, il s´étend dans une vallée luxuriante où les montagnes autour dominent le paysage. Une rivière coule d´un bout à l´autre de son territoire et d´immenses cascades constituent l´unique site touristique de ce coin de pays.
En résumé, Girón a tout pour plaire. Pourtant, c´est bien dans ce paradis terrestre que se concentre le plus haut taux d´émigration de l´Équateur.
La mauvaise exploitation des ressources, le manque d´emplois et surtout un effet d´entraînement dramatique a encouragé l´exil de pas moins de 50% de la population depuis les 15 dernières années.
Encore aujourd´hui, nombreux sont ceux qui n´ont qu´une idée en tête: partir au plus vite vers les États-Unis où bien souvent la famille se trouve déjà. C´est l´idée de la liberté...le rêve américain à l´état brut.
Dans les rues, les habitants portent leur t-shirt aux couleurs du drapeau américain ou encore des inscriptions du genre "I love NY" bien en évidence. Avec fierté, les gens nous abordent en anglais.
Quand nous débarquons au collège de Girón, les jeunes sont surexcités. Nous avons organisé une table ronde pour que les enfants des émigrants (52% du total des étudiants) puissent converser ensemble de leur réalité. On nous raconte que l´argent envoyé par papa et/ou maman des États-Unis ne remplace pas l´absence d´affection parental qui pèse lourd dans leur vie.
C´est pourquoi leur intention est déjà bien claire dans leur tête: dès qu´ils terminent le collège, direction États-Unis. Là-bas les attend un avenir nous assurent-ils, là-bas se trouvent leur famille.
Pourtant, bien souvent les jeunes ne connaissent même pas papa et maman qui ont migré depuis plus d´une dizaine d´années. Ils s´en font par contre une idée. "J´imagine mes parents comme des gens beaux et bons" nous confie un garçon de 13 ans qui a été élevé par sa grand-mère.
Ce serait bien entendu difficile de vous raconter toutes nos merveilleuses rencontres depuis arrivée. Surtout que, la plupart de ces gens vont devenir des personnages clés de notre documentaire. (Il ne faudrait tout de même pas vendre la mèche!)
Mais laissez moi vous parler de notre curé favori... Depuis notre arrivée à Girón nous logeons gratuitement dans la maison pastorale avec José Miguel, le prêtre du village.
La situation peut paraître étrange pour ceux qui savent que notre pratique religieuse est inexistante. Mais avec Padre José Miguel comme coloc, pas de gêne en ce qui concerne la religion. Il nous parle plutôt de politique, il nous joue de la guitarre, nous parle de ses milliers de projets pour aider sa communauté. Bref, il a choisi la voie de l´Église davantage pour l´accès à la vie sociale du village que pour nourrir sa foi. En fait, c´est peut-être derrière son autel que José Miguel détonne le plus. Parfois je me dis que s´il ne vivait pas dans un pays où politique égale inévitablement corruption, cet homme aurait peut-être choisi de diriger un parti socialiste...(:
En somme, bien des personnages font de notre séjour un bonheur quotidien.
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